Masque Covid et langage non verbal

Nous avions déjà dû faire une croix sur la sacro-sainte poignée de main et la rituelle bise du matin en arrivant au bureau…

Aujourd’hui, un nouveau défi s’érige devant nous : il va nous falloir imaginer des stratégies pour faire évoluer notre langage non verbal, autrement dit notre langage corporel, tant notre communication faciale, voire verbale, est malmenée par ce satané, mais pourtant essentiel, port du masque !

C’est bien à travers cette injonction qui nous est faite d’arborer cet écran de tissu, que nous avons pleinement pris conscience que la communication ne passe pas que par les mots, et que c’est à nous de développer de nouvelles compétences en communication non verbale pour conserver des relations de travail harmonieuses.

Le langage facial

La première chose qu’un bébé voit est le visage d’autres êtres humains. Les traits des visages lui permettent de les reconnaître comme étant ses parents, sa nounou ou la puéricultrice de la crèche par exemple, d’identifier leurs émotions, mais aussi d’apprendre avec eux le langage oral.

Or, de nombreux professionnels s’inquiètent du bon développement des enfants « Covid » qui sont entourés de personnes masquées.

En effet, le port du masque ne laisse que peu de place à l’expression des émotions et aux interactions sociales, essentielles à ce que l’on appelle la communication non verbale.

Ce que l’on appelle la communication non verbale est l’ensemble des signaux envoyés par le corps permettant de transmettre des informations aux autres, par tout autre biais que le langage. Ces signaux, qui jouent un rôle primordial dans nos échanges, peuvent être le ton de la voix, les gestes, la posture, une attitude, une démarche et naturellement les expressions du visage…

Les micro-mouvements du visage sont autant d’indicateurs d’une humeur, d’une émotion, que notre cerveau est capable de décrypter, d’analyser et de traduire. Transitant bien souvent par les yeux, le nez ou la bouche, ce sont des informations capitales car elles permettent d’éviter certains malentendus, à l’instar des emoji dans les sms.

Les conséquences du masque

Le masque est désormais obligatoire dès 6 ans à l’école, dans tous les lieux publics de l’hexagone, et dans les rues de très nombreuses villes. Et il risque bien de devenir un must-have de notre garde-robe pour longtemps.

Il est aujourd’hui acquis qu’il s’agit d’un rempart, avec la distanciation physique et le lavage régulier des mains, contre la Covid-19.

On voit d’ailleurs que ces mesures ont eu des effets bénéfiques contre les autres virus classiques de l’hiver : il n’y a jamais eu aussi peu de consultations pour la grippe, la gastro-entérite, la bronchiolite ou la rhino-pharyngite chez les médecins généralistes qu’en cette fin d’année 2020…

Pour autant, le port du masque apporte son lot d’inconvénients.

L’aspect physiologique

Chez certaines personnes, le masque peut devenir une entrave à la respiration s’il est trop plaqué sur le visage. Si l’on choisit un masque FFP2 pour faire du sport, il peut entraîner des maux de tête. Toutefois, quelques minutes de respiration profonde permettent d’éliminer le problème.

Mais surtout l’aspect social

Les expressions faciales sont les outils privilégiés de compréhension et d’appréciation de l’autre, et de médiation dans les échanges.

Amputés d’un morceau de notre outil de langage corporel principal (notre visage), il nous est désormais difficile d’exprimer ou de comprendre le second degré avec quelqu’un que l’on ne connaît pas, un prospect par exemple.

L’absence de tous ces petits indices, ces micro-mouvements, ces messages communicationnels, en partie disparus de notre visage, peut ainsi donner lieu à des malentendus fâcheux.

Comment interagir avec justesse lors d’un entretien d’embauche si vous n’avez pas capté cette petite moue sur le visage de votre interlocuteur ?

Comment savoir si vous êtes dans le vrai lors d’un rendez-vous commercial, alors que vous ne pouvez pas saisir ce sourire ou ce rictus sur le visage de votre prospect ?

Quelles sont les parades possibles ?

Alors comment maintenir le lien malgré le masque ?

Comment l’homme, animal social, peut-il s’adapter à cette nouvelle donne collective ?

La première chose qui nous vient à l’esprit est de « faire travailler notre regard » au maximum, d’en accentuer les intentions pour exprimer au mieux nos émotions à travers ce qu’il nous reste de visage disponible à la communication.

« Si le visage est le miroir de l’âme, les yeux en sont les interprètes ».

Cicéron.

Mais d’autres outils sont capables de prendre le relais pour pallier le manque de contact facial et entrer « confortablement » en relation avec vos interlocuteurs.

Théâtralisez votre rapport à l’autre

  • Attirez l’attention : par exemple annoncez le nom de votre interlocuteur avant de vous adresser à lui pour avoir un contact visuel avant de lui parler.
  • Évitez de communiquer en présence d’autres bruits ambiants, qui peuvent polluer la compréhension.
  • Portez votre voix, donnez du coffre, comme au théâtre.
  • N’hésitez pas à répéter et à reformuler pour être sûr d’être bien compris.
  • Parlez lentement, en articulant bien et en exagérant les expressions faciales.
  • Appuyez vos propos par une gestuelle forte.

Même si tout cela ne vous semble pas naturel dans un premier temps, vous verrez que le jeu en vaut la chandelle, et que le côté légèrement théâtral peut devenir amusant !

Mon conseil : entraînez-vous avec vos collègues à forcer le trait, pour trouver votre nouveau langage de communication propre, avant de le tester dans vos autres relations professionnelles.

Votre cerveau est votre ami

Le cerveau est une machine merveilleuse, faite de telle manière qu’il sait mettre en place les stratégies de parade face aux événements. Ainsi, la neuroplasticité de votre cerveau va vous permettre de vous adapter et trouver vos propres nouveaux outils de communication parmi les nombreuses options à votre disposition : le rythme des paroles, les attitudes, les signes de main, la démarche…

Le masque transparent

Pour les réfractaires absolus au masque tissu classique, il existe des masques transparents principalement utilisés par les malentendants qui utilisent la lecture labiale. Ces formes de masques sanitaires et salutaires, sont appelés à se généraliser à l’ensemble de la population pour faciliter nos interactions sociales.

Bien que toutes ces nouvelles règles sanitaires nous imposent distance et isolement, le contact avec nos collègues nous manque, et l’explosion de la visio-conférence en est la preuve. Ceux qui, dans l’entreprise, y étaient allergiques ont fini par l’accepter (certes un peu contraints et forcés) comme un outil de travail à part entière, et ont ensuite mis à profit ces nouvelles compétences dans leurs relations amicales et familiales.

Car c’est une évidence, nous avons et aurons toujours besoin de garder le lien avec les autres, quoi qu’il en coûte ! 🙂

Masque Covid et langage non verbal