Savoir dire non

Qui n’a pas été confronté à ce collègue ou ce manager qui vient vous demander de lui rendre un service urgent et auquel vous vous sentez obligé de dire oui, alors que vous êtes déjà débordé de travail ?

Pourtant, nous ne sommes ni corvéable à merci, ni disponible H24, que ce soit au travail ou au sein de la sphère familiale, à moins de risquer l’implosion !

Alors, pourquoi est-il si difficile de s’opposer en douceur ? Et pourquoi est-ce si important de savoir dire « NON » à un collaborateur ou son patron ?

Essayons ensemble de répondre à ces questions.

Comment vous entraîner à poser des « NON » sans agressivité ? Comment faire face à quelqu’un qui n’entend pas un « NON » ?

Pas simple mais tellement important

Certes, aller contre le naturel est compliqué, mais regardez plutôt les conséquences que vous vous infligez si vous ne parvenez pas à poser des limites à ce que vous pouvez accepter ou pas.

Si vous dites trop souvent « OUI » :

  • sous le poids des demandes, vous finissez par vous éparpiller et bâclez certaines tâches ;
  • vous finissez par vous oublier (vie personnelle, familiale, sociale…) pour parvenir à honorer vos engagements ;
  • vous allez décevoir car ne vous ne parviendrez plus à respecter les délais ;
  • de fil en aiguille, vous allez vous sentir frustré, et allez culpabiliser de ne pas parvenir à remplir vos missions ;
  • comme vous n’êtes plus efficace, vous faites des heures en plus, mais vous n’arrivez plus à sortir la tête de l’eau…
  • Vous allez droit vers le burn out !!

Dire non, c’est se respecter : c’est être honnête dans la formulation de ses besoins, c’est défendre ses idées et se faire respecter.

Dire non, c’est se préserver : connaître ses limites et être transparent avec les autres sur sa capacité ou pas à accepter une charge de travail supplémentaire.

Même s’il s’agit de votre supérieur, la hiérarchie ne doit pas influer sur vos besoins. Votre patron n’en reste pas moins humain et saura comprendre si vous êtes de bonne foi et que vous avancez des arguments qui lui sont familiers, car lui aussi est tenu par les échéances…

Dans ce contexte, un « NON » peut aussi laisser la place à un « OUI, MAIS… » : « Ok, mais ce sera pour dans 2 semaines, avant je ne vais pas pouvoir ».

⇒ Proposez une solution alternative montre votre bonne foi mais vous posez ainsi vos limites, et c’est bien là l’essentiel.

Les freins qui vous empêchent de dire non

Nos difficultés à formuler un refus prennent souvent leurs sources dans l’enfance.

Notre jeune éducation, puis notre parcours de vie ou notre environnement génèrent des peurs ou des croyances dont il est difficile de se débarrasser.

  • Manque de confiance en soi : peur du regard des autres, du ridicule, crainte de décevoir…
  • Peur de l’autorité liée aux injonctions parentales déviantes (surprotection, domination, parentalité trop rigide…). Conséquence : vous avez tendance à vous justifier ou vous excuser.
  • Peur de décevoir, de ne pas être apprécié : peur fondée sur les croyances du type « tu dois plaire pour être accepté.e », « il est impoli de refuser ».
  • Crainte de blesser : altruisme poussé à l’extrême à travers lequel un collaborateur place les besoins des autres avant les siens.
  • Peur du conflit : pour vous, la confrontation signifie forcément agressivité, violence, rupture… Alors, vous fuyez plutôt que d’entamer une discussion constructive.
  • Besoin de tranquillité : certains se disent qu’acquiescer est un gage de sérénité, mais le sentiment d’acceptation à contrecœur génère alors un conflit intérieur, qui va à l’encontre de votre besoin premier.

Et, en corrélation avec ces peurs, la crainte d’être mal vu par votre supérieur, de vous voir fermer des portes sur votre plan de carrière ou que vos collègues vous tournent le dos.

Mais ces peurs ne sont pas légitimes : pensez-vous vraiment que ce « NON » va remettre en cause l’intégralité de votre travail dans l’équipe ? Évidemment pas.

L’important est de pouvoir surmonter vos peurs, et les apprivoiser pour qu’elles ne vous empêchent pas de faire ce que vous voulez vraiment.

Comment dire NON au travail avec l’assertivité

Être assertif, c’est exposer son point de vue clairement et sans détour, tout en respectant son interlocuteur.

C’est savoir exprimer sa personnalité, ses sentiments, ses opinions et sa volonté sans blesser son entourage, ni s’imposer à lui.

  • Demandez un temps de réflexion : pesez le pour et le contre avant de donner votre réponse. Il ne s’agit pas de dire systématiquement NON non plus.
  • Ne soyez pas tranchant : ne vous justifiez pas dans des explications sans fin (ce qui provoquerait de la méfiance), mais argumentez de manière suffisante et juste.
  • Dites ce que vous ressentez : pour parvenir à dire NON sans culpabilité et en souplesse, la première chose à faire est d’accueillir ses émotions. Exprimez votre ressenti et assumez-le.
  • Soyez toujours clair et factuel : bannissez l’exagération de votre vocabulaire (« jamais », « toujours »…), l’approximation (« il est possible que », « on devrait » …) et les opinions (« je pense que », « j’imagine que » …).
  • Soyez ferme dans vos positions : ne culpabilisez pas si vous sentez votre interlocuteur en panique face à votre NON. Ce n’est pas de votre faute s’il est dans sa situation.

« Une main de fer dans un gant de velours. »

  • Restez diplomate : si votre collègue en stress accepte mal votre refus, montrez-lui de la considération et de l’empathie, même si vous ne pouvez rien pour lui. Mais ne revenez pas sur votre position, vous le regretteriez.

            Évitez surtout l’ironie, le sarcasme, les reproches, l’hésitation…


Finalement, tant que l’on y met la forme, tout peut se dire et s’entendre.

Entraînez-vous à exposer votre point de vue avec détermination et calme, sans détour et en respectant les valeurs de l’autre. C’est la clé pour conserver des relations conviviales et saines avec vos collègues ou votre hiérarchie sur du long terme, tout en écoutant vos besoins profonds.

Savoir dire non